Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'ombre de la corne
2 février 2008

Un air du quartier Mouffetard traîne dans les

Un air du quartier Mouffetard traîne dans les rues de Cusco. Le  nombril du monde pourrait encore être la capitale du Pérou, comme au temps des Inkas. Tous les ponchos du pays se retrouvent ici. Dans une échoppe, je tombe en admiration devant une vieille manta colorée. L'artisan fait quelques retouches puis, à l'aide d'une poupée, me montre comment plier l'étoffe pour porter un enfant sur son dos. Ce sera pour Makoqo, ma petite sœur. En attendant, l’ouvrage me protégera du froid sur le haut plateau du lac Titicaca.

Une fresque tissée au musée : assis près d’une maison, les yeux dans les yeux, un couple pose des questions aux symboles qui dansent dans le ciel en déployant leurs parfums énigmatiques, millénaires.

De rutilants petits autels colorent le pas-de-porte des édifices publics. Musique, prêches et messes résonnent dans les églises jusque dans la rue. Adossée au mur d'un hôtel de luxe, les bras chargés de pulls synthétiques, une marchande Indienne m'apprend que tout cela est en l'honneur d'el Señor de los milagros, le Seigneur des miracles.

Aucune compagnie de bus ne répond au téléphone. Faute d'abonnement sans doute. Demain, je partirai. (…) La nuit tombée, je poursuis mes tâches épistolaires dans un restaurant Hare Krishna fleuri par la musique d’hommes en ponchos rouges venus des montagnes. Mes yeux se détachent de la salade de fruits, les deux petites qui servent les gringos me sourient tendrement. Arrière-arrières-petites-filles des adorateurs du Soleil, elles ferment bientôt boutique pour chanter en habits safrans les louanges d’un dieu venu d'ailleurs. Je m'exile vers le café aux carreaux de verre, sur la place. Le nez dans une tasse pleine de feuilles de coca sur un fond d'eau chaude, j'observe le ballet des taxis, le manège des jolies aguicheuses qui rabattent les naïfs dans la discothèque d'où elles s'esquiveront au bout d'un verre, la somnolence des deux flics dans leur grosse voiture tout-terrain.

Sous les glaciales arcades de la place, emmitouflés de sacs plastiques et de cartons, des hommes tentent de trouver le sommeil. Je flâne sur le pavé humide jusqu'à mon petit hôtel. Des fêtards palabrent autour d'une bouteille dans une épicerie. Un montagnard errant me salue à l'indienne, ses chiens me sourient en tirant la langue. Hola papá ! Simples connivences. Comme toi, papá, je ne suis pas chez moi dans cette ville.

Publicité
Publicité
Commentaires
L'ombre de la corne
Publicité
Publicité